Dans le documentaire sur Derrida, il y a ce passage où l’on entre dans son bureau, une bibliothèque contenant des milliers de livres. On lui demande s’il a tout lu, il avoue que non, « trois ou quatre », remettant à leurs places deux livres sur le vampirisme qu’on lui a offerts il y a longtemps et qu’il n’a jamais lus. — Et comment se fait-il qu’aujourd’hui même je tombe sur ce mot attribué à Umberto Eco sur les riches bibliothèques personnelles ?
« Il y a des choses dans la vie pour lesquelles nous avons besoin de toujours avoir suffisamment de provisions, même si nous n’en utilisons qu’une petite partie.
Si, par exemple, nous considérons les livres comme des médicaments, nous comprenons qu’il est bon d’en avoir plusieurs à la maison plutôt que quelques-uns : quand on veut se sentir mieux, alors on va au “placard à pharmacie” et on choisit un livre. Un livre aléatoire, mais le bon livre pour le moment. C’est pourquoi vous devriez toujours avoir un choix nutritionnel ! »
(Voilà qui me permet de compléter ma collection de livres des Sentiers de la création sans rougir (d’autant que je les lis).)
Il y a aussi ce passage, très bref, en conférence, où Derrida explique qu’un lecteur étudiant attentivement même un minuscule paragraphe (tiny paragraph) d’un auteur en découvre finalement plus sur ce dernier que le biographe cherchant à combler les trous de la vie de cet auteur.
Et dans cet autre documentaire, de Safaa Faty, D’ailleurs, Derrida : « les archives c’est une… ce de, de, dont nous parlons c’est de ça, l’idée que ça euh… déjà d’une certaine manière, vit sans moi ! de toute façon ça vit sans moi, déjà… appartient à l’expérience de cette accumulation… il s’agit d’accumuler euh des choses qui n’ont pas, n’ont pas besoin de moi… j’ai besoin de, de choses qui n’ont pas besoin de moi… c’est ça l’amour aussi, c’est ça le désir… euh, de traces qui se passent de moi… qui s’accumulent en se, en se détruisant, enfin qui se… des cendres »
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